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Claude Jarroir

 

Extrait de l'émission "Fréquenstar" du 24 janvier 1993 diffusée sur M6.


Il s'agit d'un entretien entre Laurent Boyer et Claude Jarroir, co-organisateur avec Robert Bialek des spectacles de Daniel Balavoine.
C'est le contexte des spectacles qui est ici expliqué.

Laurent Boyer : Pour parler des spectacles, pour parler du Daniel Balavoine en scène, le Daniel Balavoine "chanteur", les dessous du métier en fait, Claude Jarroir est venu nous retrouver.
Claude Jarroir est un producteur-manager-agent de spectacle et entre autre producteur de Daniel Balavoine sur tout ses spectacles.

Claude Jarroir : Avec Robert Bialek...

L. B. : Avec Robert Bialek, bien sûr. Merci d'être avec nous Claude. Alors, je parlais à l'instant des spectacles de Daniel Balavoine en scène. C'est vrai que le théâtre Sébastopol en 1979, c'était vraiment les prémices du début...

C. J. : Ah oui, tout à fait. C'était le premier...

L. B. : L'Olympia de 80, c'était à l'époque du film avec les frères Jolivet. Bon, là, il y a 3 dates mais il y a, je crois, un succès d'estime.

C. J. : Oui, ça s'est bien passé disons...

L. B. : Et, du 5 mai au 10 mai 81, là par contre, avec cet Olympia...

C. J. : C'était la véritable naissance du Daniel qu'on connaît.

L. B. : Du grand Daniel Balavoine...

C. J. : Du grand Daniel de scène...

L. B. : Daniel part en tournée. Je présume qu'il y a quelques dates, qu'il est demandé partout. Il s'ballade en province.

C. J. : Oui, quelques dates en 80.

L. B. : Alors, c'était quoi l'humeur de Daniel Balavoine en tournée, raconte-moi ?.

C. J. : On peut tout dire ?.

L. B. : Allez, on y va !.

C. J. : Ca se passait bien. D'abord, il y avait une atmosphère qui était très conviviale parce que tout le monde voyageait dans le même bus.

L. B. : Ah !!. Ca faisait partie du côté communautaire ?.

C. J. : Voilà, c'est ça. On avait loué un bus pour la musique, pour Andy Scott qui était l'ingénieur du son, qui voyageait avec nous. Et Daniel participait toujours à ces voyages là.

L. B. : Très important Andy Scott pour Daniel Balavoine, je crois ?.

C. J. : Ah oui !. Absolument. Et sur disque et sur scène.

L. B. : Donc, c'était quoi l'ambiance dans le car ?.

C. J. : Je me souviens que dans le car on jouait tous à un jeu dont je ne me souviens plus les règles, qui était le 8 1/2. Et on passait notre temps à ça.

L. B. : C'était jeu de cartes.

C. J. : Jeu de cartes et quand on en avait marre, on discutait d'autres choses. Des fois avec Daniel on parlait tous les deux. On se mettait un petit peu en retrait du car. Puis on parlait un petit peu des concerts. Comment ça se passait. Comment ça pouvait se passer. Les choses à améliorer, etc.

L. B. : Est-ce qu'il te demandait conseil ?.

C. J. : Oui. Il avait cette chose formidable qu'il savait exactement ce qu'il allait faire, mais enfin il demandait quand même conseil, sachant qu'il ne tiendrait compte que de son avis. Enfin, à 90% des cas. Mais enfin ça fait partie de ce côté mauvaise foi sympathique qu'il avait.

(...)
L. B. : Entre "Un autre monde" et l'album qui va suivre, est-ce que l'état d'esprit de Daniel va changer ?.On sait qu'il a suivi ce qui s'est passé le 10 mai 81, avec l'élection de François Mitterrand, dont il était proche. Est-ce que Daniel a une autre optique dans ces années 80 pour l'album en préparation ?.

C. J. : Dans son truc de musique, lui, il a toujours voulu aller plus loin dans toutes les expériences. C'est le premier à avoir acheté un Fairlight et avoir composé dessus. Techniquement parlant, il voulait toujours les choses les plus modernes, les plus performantes. C'est pour ça qu'on a eu les premiers Télescans, qui n'en étaient pas à l'époque.

L. B. : Toujours à la pointe ?.

C. J. : Oui, toujours à la pointe. Toujours le meilleur de ce qu'il y a.

(...)
L. B. : Claude, en tant que producteur, tu as toujours suivi un petit peu ce qui se passait dans la salle. Quel était le public de Daniel justement, entre 1982, Le Palais des Sports, avec cet album qui va arriver, "Vendeurs de Larmes". Comment était le public de Daniel ?.

C. J. : Le public était assez large. C'était 15-25 ans. Très large. Avec des goûts différents. Dans tout ses disques on trouvait des influences différentes, des travaux de musiques différents. Chacun pouvait y piocher ce qu'il voulait ce qui rendait le public assez large. Il s'est élargi, en plus, par la suite, avec des musiques beaucoup plus sophistiquées, plus rock.

L. B. : Il y avait une identification, probablement, quand il interprète "Le chanteur", ça devait faire un carton sur scène ?.

C. J. : Oui. Parce que ça avait été un énorme succès. Ca avait été son premier très gros succès. C'était la chanson dont il ne pouvait se passer, se déparer.

L. B. : Alors "Vendeur de Larmes" va arriver, album qui va amener le premier Palais des Sports, qui va être complet d'ailleurs. Et là vous faites un sacré pari avec ce Palais des Sports, Bialek, toi, et Daniel Balavoine.

C. J. : Oui. Comme je te disais tout à l'heure, au sortir de l'Olympia de 1981 on fait le pari de faire 5 jours au Palais des Sports, un an après. On se met tout de suite à travailler dessus. Et on apprend, peut-être un mois et demi avant les dates réelles du Palais des Sports, que Simon et Garfunkel viennent à la Porte d'Auteuil. C'est à dire que leur deuxième jour est le premier jour de Daniel au Palais des Sports. Et que la semaine d'après, le dernier jour de Daniel, c'est le premier jour des Rolling Stones.

L. B. : D'accord. C'est un belle semaine. Le choix c'était rock'n roll contre chanson française. Anglo saxons/Français. C'est impeccable.

C. J. : Donc il y a eu un peu de flipperie dans l'air. Faut dire ce qui est. Tout le monde a flippé. Tout le monde a eu peur.

L. B. : Vous avez failli d'ailleurs retirer le projet. Daniel a dit "...c'est pas très sérieux de faire ça...".

C. J. : Ouais. Mais c'est pas resté dans l'air très longtemps l'idée de l'abandon. On a remotivé nos forces, Daniel, Robert et moi. Et on a décidé de le faire contre vents et marées.

L. B. : Ca s'est très bien passé parce que le Palais des Sports a été complet.

C. J. : 97% de remplissage. C'est impeccable. Rien à dire. Le public ravi. Et Daniel se faisant le petit plaisir, et faisant au public le plaisir de jouer "Honky Tonk Woman", le dernier jour, pour ceux qui ne pouvaient aller voir les Rolling Stones parce qu'ils étaient venus au Palais des Sports.

 

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