Francis Cabrel
Dormir debout "Sacrée soirée" sur T.F.1 le 10 janvier 1990 Interview de Thierry Séchan et Marc robine Interview de Bernard Maryse |
Interview réalisée par Thierry Séchan (le frère de Renaud) et Marc Robine pour le magazine "Paroles et Musique" (N°21 de septembre 1989) |
En janvier 1990, dans le magazine "Paroles et Musique", Francis Cabrel confiait à Bernard Maryse son sentiment vis-à-vis de Daniel Balavoine. "...J'étais chanteur de bal. Lui, il avait déjà sorti un album en 1975, "De vous à elle en passant par moi". Il y avait une chanson, "Couleurs d'automne", que j'adorais et que je chantais dans les soirées. Je ramais parce que ça montait très haut ! . Ensuite, il avait fait "Vienne la pluie" en pleine période de sécheresse - l'été 1976 - que j'ai mis à mon répertoire. Avant même de le connaître, je l'aimais bien. Et quand j'ai fait mon premier album en 1977, la FNAC, rue de Rennes, organisait des rencontres entre de jeunes chanteurs et le public. On pouvait inviter quelqu'un. Moi, j'avais dit : "J'aimerais bien que Daniel Balavoine soit là.". A mon grand étonnement, il est venu. Il ne m'avait jamais vu ni entendu. Par la suite, on s'est croisé plusieurs fois, mais toujours trop rapidement. J'aurais aimais le voir davantage, mais bon... La fois où nous avons pu nous rencontrer plus longuement, c'était au Palais des Congrés. Il enregistrait "Sauver l'amour" au Studio A, et moi, "Photos de voyage", dans celui du fond. J'avais un mal de gorge fou, et il m'a filé plein de médicaments qu'il avait dans un mallette à pharmacie. C'était un grand bavard, nous avons bien rigolé... Mon admiration pour Daniel Balavoine a connu une évolution croissante. C'est pourquoi j'ai ressenti le besoin, dans mon dernier album, de lui dédier une chanson, "Dormir debout". La façon dont il a disparu subitement et cruellement pour tous les gens qui l'aimaient, l'énorme trou que ça laisse dans le paysage musical français, c'est comme si on perdait Jonasz dans un catastrophe. Il y a une dizaine de gens comme ça qui sont primordiaux. Balavoine était l'un des plus représentatifs de par son don d'invention et les risques qu'il a pris, tant dans son discours que dans sa musique. C'est comme quand on a perdu Jimi Hendrix quand j'avais 17 ans. Il te manque quelqu'un... J'imagine ce que Daniel aurait fait aujourd'hui. Il atteignait sa pleine maturité avec le temps et la sérénité. tout d'un coup, ça l'a fauché... J'aimais ses coups de gueule. Avec lui et Coluche, les jeunes avaient des mecs qui étaient intelligents, incisifs, moqueurs, insolents... Depuis qu'ils ont disparu, le discours politique n'a plus à se méfier de la satire que faisait Coluche, ni de l'analyse froide et déterminée de Balavoine. C'était vraiment deux points de feu que les politiciens pouvaient craindre. Aujourd'hui, ils ont l'âme plus tranquille pour balancer leurs conneries. Moi, je ne suis pas assez sûr de moi pour les remplacer en quoi que ce soit. Quand je suis devant un micro, je n'ai qu'une envie, c'est de disparaître dans un trou de souris. Renaud, il ne sait pas trop non plus. Goldman, c'est le mec discret aussi. Il ne reste plus que des mecs discrets. Alors qu'il faudrait malgré tout, quelqu'un qui monte au créneau..." |
Extraits d'hommages rendus à Daniel Balavoine, issus de l'émission "Sacrée soirée" sur T.F.1 le 10 janvier 1990. (Francis Cabrel qui va interpréter "Petite Angèle".) |
(à Daniel Balavoine) |