Michel Berger
Michel Berger en 1983 sur France Inter (Didier Lecat) Michel Berger : "La raison pour laquelle il y a plein de gens qui ne peuvent pas le supporter, c'est qu'il sait ce qu'il veut. Il sait ce qu'il veut faire dans ses disques, dire dans ses chansons, comment il a envie de faire de la scène. Ça paraît très très simple mais c'est plus difficile qu'on ne pense. Parce que ça veut dire que tous les gens qui travaillent autour de lui sont obligés de réviser leur idée du confort. Je crois qu'il réussit à imposer ce qu'il a vraiment envie de faire et ça c'est une nouvelle race de chanteurs ! ça vient de sortie, comme dirait Coluche. Evidemment ça veut dire aussi beaucoup d'angoisse parce que quand quelqu'un a envie d'écrire quelque chose de fort plutôt que de devenir riche ou alors qu'il aime mieux faire un beau spectacle que d'être simplement connu, c'est une autre manière de vivre. Moi, c'est ce qui me plaît dans Balavoine. A part ça, c'est mon copain mais ça n'a absolument rien à voir." |
Extraits de l'émission "Nostalgie"
Témoignage
datant de janvier 1986 de Michel Berger à Christophe Dechavanne
suite à la disparition de Daniel Balavoine. |
Christophe
Dechavanne: Michel ça faisait à peu près 8 ou 9 ans que vous connaissiez
Daniel ? Michel Berger: Oui, je l'ai rencontré parce qu'on faisait un spectacle qui s'appelait Starmania et il avait été pressenti pour faire le rôle principal. C.D.: Ca a été ses débuts alors Starmania ? M.B.: Non, il avait fait des disques. Il avait fait un disque qui était absolument formidable sur le mur de Berlin. C'était l'histoire de deux frères qui étaient chacun d'un côté du mur. Moi j'avais le projet de faire ça en spectacle, avec lui d'ailleurs. L'histoire de deux frères qui sont chaque côté d'un mur dans un pays partagé. Ca représentait tout à fait l'idée de Daniel c'est-à-dire faire un disque en faisant un style de musique et dire des choses en même temps. C.D.: Et puis Daniel aussi, vous êtes allés un jour avec lui, c'était à Wembley pour les concerts de "Band Aid" ? M.B.: Oui, là vous passez.... C.D.: Je passe quelques années, oui... C'est juste pour situer un petit peu l'action que vous avez faite ensemble rapidement. Vous vous êtes dits, il n'y a pas de raison que les français ne... ? M.B.: Oui, il marchait beaucoup par colère, et ça c'est une colère qu'on a partagé à Wembley...le fait qu'il y avait des gens du monde entier pour faire quelque chose d'utile et de généreux pour l'Afrique et que la France n'était absolument pas représentée. C.D.: D'où le démarrage d'Action Ecole etc...tout ce que vous avez fait après ? M.B.: Oui, absolument ? C.D.: Vous n'avez pas eu envie, un jour, de faire un concert avec lui ? M.B.: Enfin...c'était plus qu'un concert. On avait beaucoup de projets ensembles. Enfin...je ne sais pas si c'est tellement intéressant de parler de ça aujourd'hui. Il vaut mieux parler de ce qu'il a fait. C'est vrai, parce que je crois qu'on a un petit peu été une génération qui avait envie de faire des choses ensembles. C'est vrai sur plein de choses...dans les disques...on chantait ensembles. Dans tous les concerts, on était quelques chanteurs comme ça, à faire des choses ensembles. Alors qu'avant c'était vraiment beaucoup chacun pour soi. Ca je crois que ça a fait avancer les choses parce que maintenant c'est quelque chose qui arrive beaucoup plus souvent qu'avant. C.D.: Alors lui, il avait déjà une particularité dans les chanteurs français...je crois d'ailleurs que c'était lui qui l'avait instauré...il chantait sur scène avec un petit casque H.S. et puis un petit micro devant la bouche M.B.: C'est plus que ça. C'est que c'est quelqu'un pour qui le spectacle, et son métier en général, étaient quelque chose comme un combat. Il essayait d'avoir des choses nouvelles, d'avoir ce qu'il y avait de mieux sans arrêt. Il y avait une espèce de demande intérieure pour avoir ce qu'il y avait de mieux sans arrêt. C.D.: Mais, mise à part le côté combat, est-ce qu'on peut dire qu'il avait chez-lui une caractéristique artistique, c'est-à-dire que c'était peut-être un chanteur pas comme les autres ? M.B.: C'était absolument un chanteur pas comme les autres. Ca a été un des premiers chanteurs à être complètement décomplexé par les américains et les anglais. Les disques qu'il a faits, c'était du niveau tout à fait des américains et des anglais. Il le savait. Il était content de chanter en français. Dire ce qu'il avait à dire là où il était. C'est vrai qu'avant, il y avait une génération de chanteurs qui ont essayé de copier les anglais. C.D.: Vous l'avez fait ça ?. M.B.: Moi, je suis revenu déjà à un moment où on commençait à essayer de faire autre chose. C.D.: Ca ne l'a pas empêché de travailler beaucoup en Angleterre. De faire ses mixages dans des studios anglais quand même, comme beaucoup de chanteurs français, d'ailleurs ? M.B.: Il avait un projet formidable, c'était de faire un groupe international. Ca montre bien que maintenant, il n'y a pas un énorme décalage dans les moyens techniques et dans la qualité d'un disque entre ce que l'on peut ici et ailleurs, et il l'a montré ?. C.D.: J'avais eu avec lui, le même débat que j'ai eu avec vous, sur le fait que les chanteurs en France avaient quelques réticences à chanter en direct dans les émissions de télévision ? M.B.: Oui, il avait vraiment raison. Il avait envie d'une qualité technique quand il travaillait C.D.: Pour conclure ?. M.B.: On ne peut pas conclure parce qu'on continuera à écouter ce que faisait Daniel pendant longtemps. Il était ce qu'il chantait. Il n'y avait aucune différence entre ce qu'il chantait et ce qu'il était dans la vie. Et ça, c'est quelque chose de très rare. Il faut essayer d'en profiter en écoutant ce qu'il fait. |