LA
PERSONNALITE.
Catherine REGNIER : Je trouve que Daniel a eu un succès formidable
parce qu'il était honnête dans son métier, dans sa générosité, dans ce
qu'il donnait. Il a été propulsé à l'avant de la scène.
Je ne suis pas convaincue que ce soit ça qu'il ait recherché, au départ.
Il a eu envie de faire passer des mots. Des notes de musique parce que
c'était vraiment ce qu'il aimait.
Et puis après, il a assumé son vedettariat. Il n'était pas mondain. C'était
ses copains, sa vie privée.
C'était quelqu'un de normal. Normal pour une vedette.
Il n'avait pas franchi la mauvaise marche et je crois qu'il ne l'aurait
jamais franchie.
Jacques DURRUTY : L'histoire de l'explosion avec Mitterrand, ça
s'est passé à la télévision.
Là, en fait, je dirais que ça s'est passé parce que c'était sa nature
d'exploser.
Au départ, c'était un timide, contrairement à ce que les gens pensent.
C'est le fait que vous ayez une espèce de hargne ou de sensation d'incompréhension
qui fait qu'à un moment donné, vous explosez. Ca s'est passé un petit
peu comme ça.
Le reste, les déclarations qu'il a pu faire un jour à 7/7 sur les anciens
combattants, ça c'est plus un moment de colère ou de perte de sang froid,
même s'il le pense profondément.
Mais, parfois ses paroles ont un peu dépassé ses pensées.
Ou tout au moins, il n'aurait pas voulu le dire et puis après, il disait
: "...Tant pis, j'l'ai dis, n'en parlons plus...".
La suite de l'incident concernant les anciens combattants à 7/7.
Catherine REGNIER : Quelques jours après, sur l'émission de Drucker,
nous avions une délégation d'anciens combattants qui est venue sur le
plateau, en exigeant qu'il fasse des excuses publiques à l'antenne, sinon,
l'émission ne se passerait pas.
Il était très perturbé par ça, par ce qu'il avait dit à 7/7, à Burgat
qui l'avait un petit peu piégé sur un sujet qui lui tenait fort à coeur.
Il ne le regrettait pas, mais il s'est rendu compte que, parallèlement
à ça, il avait fait mal à ces gens qui étaient des anciens combattants.
Donc, il a accepté, à l'ouverture de l'émission de Drucker, de s'excuser
publiquement, en direct le soir.
Là, il a eu un regard extérieur à ce moment là, de se dire "...peut-être
que j'ai lâché mon cri, mais aussi j'en ai blessé d'autres...". Donc il
a admis ça et s'est excusé de ça.
La réponse de Daniel sur le plateau de Michel Drucker (Champs-Elysées,
Antenne 2, le 5 novembre 1983), suite à l'émission 7/7:
D.B. : Ce que j'ai dit ce jour là était exclusivement et très
clairement adressé à ceux qui souhaitent à la jeunesse actuelle comme
ils disent "une bonne guerre" pour qu'elle apprenne à vivre.
Alors, si ceux là ont pris ces propos pour eux, je leur dis encore ce
soir, ils ont bien raison.
Je ne changerais rien à ces propos, si ce n'est dans la manière, ne serait
ce que pour faire plaisir à ma mère qui trouve que je dis beaucoup trop
de gros mots.
Cela dit, pour les autres - quand je dis les autres, je parle des déportés
ou des gens qui se sont battus et qui ont résisté pour leurs libertés
voire pour la notre d'ailleurs - je suis sûr que ces gens là ne peuvent
pas souhaiter à leurs enfants d'endurer ce qu'ils ont enduré eux-mêmes.
Alors, si ce jour là, ma manière de m'exprimer a fait qu'ils se sont sentis
visés par mes propos, ça je le regrette.
Je ne dis pas que je m'excuse, mieux, je vais dire que je suis navré,
que ça n'était pas le but. Mais, cela dit, je ne veux pas ennuyer tout
le monde ce soir.
On va encore dire que j'utilise votre émission comme une tribune, vous
allez encore vous faire engueuler.
Ce n'est pas le cas mais je ne partirai pas d'ici sans dire que contrairement à ce que souhaitent certains, je ne suis pas un "chanteur-marionnette".
Avant d'être un chanteur, je suis un homme, avec ses emportements, ses
excès, les colères etc. Mais je suis d'abord un homme qui aime la liberté,
qui aime l'espoir.
Au nom de ces idées là, rien que pour ça, je maintiens, sans le cacher,
en montrant bien ma tête et mon nom... vous me reconnaissez...tout le
monde ne peut pas en dire autant...
sans le cacher, je maintiens qu'il faut mépriser, vraiment mépriser fortement
les gens qui nous souhaitent la souffrance et la guerre.
Il faut continuer à se battre pour la paix et c'est ce que je ferai d'ailleurs.
D'ailleurs se battre pour la paix, c'est se battre pour la vie et la nature
fera le reste. Et je vous remercie et je ne recommencerai plus ou alors
plus poliment.
Catherine REGNIER : Il s'en voulait quelquefois de dépasser ce
qu'il appelait "les bornes", mais c'était un instant de contrition très
très court. Et puis après, il disait : "...eh bien finalement, j'ai
très bien fait...il faut que les choses bougent...". |