Christophe Dechavanne: Daniel Balavoine, chanteur ?. Sportif ?.
Daniel Balavoine: Plus peut-être chanteur, quand même, que sportif.
C.D.: Paris-Dakar quand même !.
D.B.: Paris Dakar...oui...du tennis et un peu de golf...
C.D.: Alors ça, c'est pas sportif ?
D.B.: Si, c'est un peu sportif.
C.D.: Paris-Dakar deux fois dont une fois gagné. Enfin...gagné...vous êtes allés jusqu'au bout ?.
D. B. : Oui, une fois pour moi gagné parce que la première fois, c'était un peu galère.
C'était 5 jours et au revoir... La deuxième fois on est allé jusqu'au bout et pour moi, c'est ce que j'appelle gagné.
C.D.: Donc, cette année, vous ne le refaites pas ?.
D.B.: Non, je pense qu'ils vont le faire sans moi, voilà.
C.D.: Une petite larme ?.
D.B.: Euh...aujourd'hui non mais je sais qu'entre les deux années où je l'ai fait, il y a eu une année où je ne l'ai pas fait.
J'ai eu beaucoup de remords. Je ne me pardonnerais jamais d'avoir une fois de plus beaucoup de regrets et après de remords.
C.D.: Moi, j'ai entendu parler de quelque chose.
Je ne sais pas si on doit en parler...que vous partez quand même vers les pays du Sahel, avec des camions, avec des pompes à eaux.
Ca va se faire ?. On ne sait pas encore ?.
D.B.: C'est-à-dire que ça va se faire. Est-ce que j'y serais ou pas, je n'en sais rien.
En tout cas, si ce n'est pas cette fois là, ça sera la suivante.
Mais on va partir en Afrique amener des choses là-bas, dans les pays sahéliens, au Niger, au Mali et en Mauritanie aussi.
Mais, enfin bon, on va pas faire un reportage dessus de suite. |
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C.D.: Vous êtes très sensibilisé par ces problèmes là avec quelques uns de vos petits camarades ?.
D.B.: C'est-à-dire, il n'y a pas d'héroïsme.
On s'est aperçu...et on aimerait bien que les gens s'en aperçoivent en même temps que nous d'ailleurs, que, finalement, c'est assez facile de s'en occuper.
C'est pas tellement compliqué. Il suffit de le vouloir et c'est pas un gros sacrifice.
Je comprends que les gens soient agacés par les quêtes, les charités, les machins, tout ça...
En plus c'est agaçant pour les gens d'ici et c'est un manque de dignité pour les gens de là-bas.
Mais, par contre, de faire quelque chose, c'est beaucoup plus simple qu'il n'y parait.
Ca serait bien que les gens se motivent. Et dans ce sens là, on fait une opération qui s'appelle "Action Ecole".
Il y a France Gall, Michel Berger, Carole Bouquet, Richard Berry, Gérard Manset. On est une dizaine.
Et là, c'est très différent..
C'est une idée issue d'une opération qui s'appelle "School Aid", qui a été faite en Angleterre et aux Etats-Unis, qui venait elle-même de "Band Aid"... ce fameux concertde Wembley, Bob Gueldorf.
C'est une manière d'aborder le sujet tout à fait différente. C'est ce que l'on appelle maintenant, un peu prétentieusement et pompeusement, le "développement des mentalités".
C'est-à-dire qu'au lieu de s'attaquer à essayer de convaincre les adultes, bien souvent il est trop tard.
Parce qu'on a l'esprit un peu bloqué et on n'est pas facile à modeler. Alors que les enfants sont libres.
Et c'est une opération qui va se faire avec les enfants. Et ce n'est plus présenté sous l'aspect de la charité ou de l'aide.
C'est simplement "... Avez-vous envie d'hériter demain d'un monde comme celui là, c'est-à-dire d'un monde où il y a 15 millions de gens qui meurent de faim par an.
Plus, à peu près,
2 milliards de personnes qui cherchent à quatre pattes de la nourriture.
Si vous ne faites rien, et bien, vous allez hériter de ça. Et vos enfants, c'est ce que vous leur léguerez aussi.
Ca ne pourra aller que de pire en pire...". Il faut essayer de faire comprendre une chose nouvelle, c'est qu'il faut maintenant, tout de suite, dire aux générations les plus jeunes... Parce que trop peu d'hommes politiques n'enparlent pas parce qu'évidemment, ça ne les arrange pas...
c'est que notre survie dépend aussi de la survie des pays du Tiers-Monde.
Parce que si les pays du Tiers-Monde meurent, il n'y aura plus personne pour nous acheter ce qu'on fait.
c'est aussi vulgaire que ça. Donc, ce n'est plus aussi héroïque, plus "...voyez-vous, j'ai du panache, je vais en Afrique..."
C.D.: Si, un peu, quand même ?.
D.B.:C'est beaucoup de lucidité. C'est -à-dire, "...faites attention, si vous ne faîtes rien, il va y avoir un retour de manivelle qui va être beaucoup plus sévère que..."
C.D.:De toute façon, je crois que quelques soient les motivations, ces actions sont d'autant plus positives.
Je trouve tout cela très bien et je suis content qu'on en ait parlé. Voilà. |