Emission "L'invité du jeudi" du 12 novembre 1981 sur Antenne 2 - Page 5 (fin)

 

D.B. : (Il rigole). Je m'en fous de ça. Ce que j'aime, c'est de l'avoir fait. C'est surtout ça qui est rigolo.
C'est marrant de me voir dire des trucs que je n'ai pas à dire normalement puisque ce n'est pas moi.
Dans la manière de la dire, c'est peut-être moi...

D.L. : Non, mais...vous savez...l'image que l'on donne, finalement est une image qui reste. Les gens peuvent vous imaginer, vous identifier tel qu'ils vous ont vu là.
C'est le même problème pour Dave dont on avait parlé dans un feuilleton récent.

D.B. : Oui. Ca passera pour Dave. Ca passera pour moi aussi. Cela dit, moi ça a duré deux minutes. Ca n'a pas duré six épisodes.

D.L. : Nous accueillons, Daniel, Jean Botherel, qui est journaliste et écrivain et qui l'auteur d' "Un prince", qui est livre dont on parle beaucoup en ce moment, qui est sortir chez Grasset. C'est un livre étonnant, Jean Botherel, je crois que tout le monde l'a dit.
La forme, c'est une adresse à François Mitterand et à ses collègues, disons.
Le fond, c'est un invit' insistante aux princes qui nous gouvernent à réfléchir au fond, sur la réalité de leurs pouvoirs. La démarche, c'est ça.

Jean Botherel : Oui, tout à fait.

D.L. : Daniel vous lu, ou a commencé.

D.B. : Oh, je vais vous montrer où j'en suis. Ce n'est pas terrible. J'en suis... La 96, je l'ai ouverte au hasard, il y a un truc sur le P.C.F. qui ne mange pas de pain, qui est bien. Je vous le conseille.
Non, je dis simplement d'abord que si j'ai voulu que vous veniez aujourd'hui, c'est parce que j'éprouve pour vous une affection profonde depuis le jour où est arrivé cet incident sur un plateau de télévision que l'on reverra tout à l'heure.
Parce que vous êtes le première personne à m'avoir interviewer le lendemain et vous êtes finalement la seule personne à m'avoir interviewer à ce moment là, sans la moindre malveillance. Voilà. Et c'est comme ça que l'on découvre des gens pas méchants.

D.L. : Ce n'est pas parce que vous n'avez pas lu le livre...

D.B. : Non, non. Il faut l'acheter. Je suis là un peu pour faire de la publicité par la même occasion. Je vais me gêner.
Jean Botherel, "Un prince", essai sur le pouvoir ordinaire. J'en suis à la page 40, je le dis tout de suite, ce n'est pas un truc facile à lire.
C'est peut-être le seul reproche que je ferais. Parce que ça prend du temps. Il y a beaucoup de citations alors que je trouve que vous écrivez suffisamment bien, vous mêmes, sans avoir besoin de citer les autres.

J.B. : Je ne croyais pas que j'avais fait beaucoup de citations dans ce livre. Je ne sais pas . Peut-être ?.

D.L. : L'idée sur la réalité du pouvoir des princes qui nous gouvernent. C'est extraordinaire. Vous êtes quelqu'un qui êtes entrain de dire à Monsieur Mitterrand, en ce moment, "...bon, ben, finalement vous êtes comme les autres.
Alors il faudrait peut-être revoir un peu vous mêmes ce qu'est votre pouvoir...".

J.B. : Oui. Si vous voulez, je voulais faire un paradoxe. Ce livre est d'ailleurs assez paradoxal, c'est pour ça qu'il a été accueilli étrangement.
Il y a beaucoup de presse dessus mais il n'y a personne qui finalement a écrit qu'il l'aimait ou qu'il ne l'aimait pas. On m'a dit qu'il était curieux, troublant, brillant etc. Mais je n'ai jamais vu encore un de mes confrères, un critique dire qu'au fond, ce livre est très bon ou qu'il est complètement nul. Ou qu'il est complètement aberrant dans l'époque actuelle. Or, ce que j'ai essayé de dire dans ce bouquin est finalement très simple. C'est que on est en face d'un pouvoir qui aujourd'hui, en France, curieusement, tend à devenir un peu idéologique et "socialiste".
Finalement, je crois personnellement que l'époque, dans des pays aussi développés que le notre, ne peut plus se payer ce luxe là. On peut avoir un pouvoir de gauche, et beaucoup ont votés pour un pouvoir de gauche. Mais s'il prenait l'envie à certains de nos dirigeants de nous entraîner sur la voie d'un gouvernement socialiste, réellement socialiste, je pense que ça serait...je n'aime pas beaucoup parler gravement de ces problèmes là... mais je crois que là, on ne s'en sortirait pas. L'époque ne permet pas cela.
Ca va bien dans les pays au début du siècle, à la rigueur. et on voit ce que ça a donné. C'est ça que je voulais dire. C'est un livre très très cynique. Je crois qu'aujourd'hui le pouvoir doit être très très cynique, très olympien, très serein.

D.L. : Ce n'est pas très concret.

D.B. : Moi, je l'entends concret en tout cas.

D.L. : Comment vous me traduisez un pouvoir cynique, olympien ?.

D.B. : Ca, c'est très dur. J'en ai une là-dedans qui est belle à ce sujet là.
Il le dit mieux que moi, c'est son métier. Je n'ai pas ressenti la même chose. Je n'ai pas l'impression que Jean Botherel est entrain de dire à Mitterrand et aux autres qu'ils sont finalement comme les autres.
Ils ne devraient déjà, de toute façon, ne pas être comme les autres. C'est peut-être un reproche de leurs dire qu'ils sont comme les autres.

D.L. : Ce sont des hommes du commun ?.

D.B. : Les quarante pages que j'ai lues, j'ai l'impression de lire un livre sur quelque chose de démodé. C'est-à-dire, j'ai l'impression que quelqu'un est entrain de me dire "...regardez, comment les gens nous gouvernent maintenant, regardez les personnes qui nous gouvernent, c'est démodé, anachronique, ce n'est plus comme ça qu'il faut faire...".
On n'a plus le temps. Tout ça, c'est de la légèreté. C'est ça que je revois à pleines pages. Il y a une citation qui sert... Est-ce que je peux lire tout un passage ?..

D.L. : Non, on n'a plus le temps.

D.B. : On va le prendre quand même.

D.L. : Une ligne.

D.B. : Une ligne. Ce n'est pas très respectueux mais je vais lire juste une citation de Sartre, que vous faites, bien entendu.
"...Pour nous tous, l'avenir est barré. Tout ce que nous voyons, tout ce que nous vivons, nous incite à dire que ça ne peut pas durer. Et cependant, le changement n'est même plus concevable sauf sous forme de cataclysme. Nous vivons au temps des révolutions impossibles...".
Ca veut dire que quand même, les princes sont largement en arrière et que ce n'est plus d'eux dont on a besoin. Ca c'est moi qui traduit ça comme ça parce que ça m'arrange. C'est ce que je comprends quand je commence à lire ça.

J.B. : Ce n'est pas archaïque du tout.
Effectivement, s'il y avait un réel changement de société, le risque du cataclysme n'est pas à exclure.

D.L. : Mais, où est le pouvoir, Jean Botherel, dès lors qu'il n'appartient plus aux gens qui nous gouvernent ?.

J.B. : Mais si, il leur appartient. C'est une espèce de présence en effet nécessaire.
Je dis que c'est l'entrée dans l'aire du pouvoir mère et non plus du pouvoir père, le dernier représentant en ayant été le Général De Gaulle. C'est très rassurant en fait.
C'est le discours idéologique si vous voulez que je réfute complètement dans ce livre. Je ne crois pas que l'on puisse gouverner avec des actes de foi.
On doit gouverner avec une pratique des réalités mais pas en disant "...je nationalise parce que c'est bien de nationaliser..." ou "...je fais telle loi sociale parce que c'est bien etc...". et curieusement, l'actuel gouvernement à l'air de nous entraîner, couci-couça, sur la voie d'une programmatique extrêmement idéologique.

D.L. : Au fond, vous plaidez pour un nouveau pouvoir politique. C'est-à-dire pour une volonté politique plus affirmée.

J.B. : Oui, tout à fait.
Je crois que l'on était entré d'ailleurs...pourtant j'ai combattu...enfin, j'ai combattu, le mot est tout à fait... enfin j'ai attaqué dans des pamphlets aussi le précédent septennat.
Enfin je crois que dans le précédent septennat, il y avait quelque chose qui avait été bien perçu de ce côté là. Si on devait revenir à l'idéologie, encore une fois, au discours politique idéologique, je pense que l'on régresserait. C'est ma conviction. Pourtant je suis à gauche. Je suis éditorialiste d'un journal de gauche : "Le Matin".

D.L. : Jean Botherel, on va retrouver ce qui est désormais un événement, en tout cas quelque chose de très connu. C'est Daniel Balavoine en 1980, dans le journal d'Antenne 2 midi, avec François Miterrand. On va regarder ce document en spectateur aujourd'hui.
Je vous demanderais Daniel, d'abord pour commencer, vos réflexions sur ce document. De nous dire comment vous le percevez aujourd'hui. Voilà, le journal d'Antenne 2 donc, en mars 1980.

(Extrait du journal télévisé).

D.L. : Voilà donc. Qu'est ce que vous enlèveriez à ce que vous avez fait ?.

D.B. : Ce qui me surprend...alors là, vraiment je trouve extraordinaire... c'est que j'aurais pu faire la même chose hier.

D.L. : Sur tous les sujets ?.

D.B. : Oui pratiquement.
D'abord à propos de liberté, dont on va parler dans un instant avec un ami à moi qui a un message à lancer que je lancerai pour lui d'ailleurs... je parlais de cotisations de Sécurité Sociale à propos de Raymond Barre qui avait dit qu'il ne diminuerait pas les salaires des ouvriers etc... je viens de m'apercevoir que la seule imagination d'un gouvernement qui était censé être prêt à gouverner, parce qu'ils ont eu le temps de entraîner en 23 ans quand même...
Je vous signale que moi qui ait mangé avec le Président de la République, je sais que, parait-il, les équipes étaient prêtes. On s'est aperçu que les équipes ne sont pas prêtes et que les réformes ne sont pas prêtes. Sur la Sécurité Sociale, tous les financiers... je ne parle pas de Fabius parce que lui ce n'est même pas un financier, c'est un charlot...ils sont nuls...

D.L. : Vous voulez dire le Ministre du Budget...

D.B. : Le Ministre du Budget qui trouve que c'est mieux, pour combler le déficit de la Sécurité Sociale, d'augmenter les cotisations des ouvriers d'un pour cent, au lieu de taxer les oeuvres d'art. Les oeuvres d'art de qui, on ne sait pas ?.
A se demander s'il a de la famille là-dedans ?. Je ne pense pas parce que quand même, un homme de gauche ne peut pas avoir de la famille... vous voyez ce que je veux dire...etc. Je trouve ça scandaleux.
Je veux simplement le dire aujourd'hui mais le gouvernement de gauche, pour lequel j'ai voté...

D.L. : Vous vouliez le changement...

D.B. : Oui.

D.L. : Vous ne l'avez pas caché. Vous avez fait la campagne de Mitterrand.

D.B. : Absolument.

D.L. : Vous avez chanté dans ses meetings.

D.B. : C'est pour ça que j'ai le droit de l'ouvrir maintenant.

D.L. : Vous avez pris l'avion avec lui.

D.B. : Oui.

D.L. : Vous l'avez revu ?.

D.B. : Depuis qu'il est président, non. Il a peut-être autre chose à faire.

D.L. : Vous vouliez le changement et vous ne l'avez pas.

D.B. : Je ne dis pas que je ne l'ai pas sur tout.
On a l'abolition de la peine de mort, on a l'arrêt des expulsions des travailleurs immigrés. Il y a de bonnes choses. Il ne faut pas exagérer.
Je parle de sujets précis parce que là ça me réchauffe de voir ça quand même. Le gouvernement de gauche n'a eu que pour seule idée d'augmenter les cotisations de Sécurité Sociale pour combler le déficit. Ca porte un nom, c'est du "Barrisme". Ca ne porte pas d'autre nom. C'est la même chose.
Et là, les communistes ont d'ailleurs raison. Ca ne veux pas dire que je suis communiste, loin de là. Ce sont les seuls à avoir une rectitude d'idées à ce niveau là. Ils ont dit non.
Taxez les oeuvres d'art. J'ai mon cahier devant moi parce que je ne veux pas dire de bêtises. On va passer la dessus. Je voulais aussi que l'on arrête de faire une confusion. là je débite un petit peu.
Moi, je suis souvent accusé de richesse. Pas accusé parce que les gens sont beaucoup plus gentils que les gouvernants, finalement, bien souvent. On dit de moi que je suis riche, que les chanteurs sont riches. Ce qui est, pour ceux qui marchent en tout cas, une vérité. Je le dis honnêtement, on gagne beaucoup d'argent.
Souvent pas pendant longtemps. Mais c'est que quand on en gagne, on en gagne beaucoup. Il ne faut pas confondre les riches salariés dont je fais partie, c'est à dire que je peux être amener à être au chômage demain matin, et les riches possédants.
Je parle de ça au niveau de la fiscalité. Je trouve normal, moi, de payer beaucoup plus d'impôts que un smicard. Je le dis avec autorité parce que j'ai mis un bulletin de vote à gauche. Je le dis avec autorité à Monsieur Fabius qui est un homme extrêmement agaçant pour ça, extrêmement menteur. Qu'ils arrêtent de faire de la démagogie.
Surtout entre le deuxième tour des élections présidentielles et les élections législatives. Qu'ils arrêtent de mentir en disant qu'ils font payer les riches.
Les riches sont partis, on le sait, et quelqu'un de la C.G.T. est entrain de le dénoncer. Nous payons, nous, riches salariés, non pas pour les pauvres salariés, mais pour les fraudeurs. Il faut que l'on dise ça. Il faut que ce soit dit quitte à ce que je ne chante pas ma chanson, tant pis.

D.L. : Dommage...

D.B. : Tant pis. Ils ont l'habitude. Ils me voient trop à la télé pour ça.
Les riches salariés payent pour les riches fraudeurs. C'est ça qu'il faut dire et arrêter de faire de la démagogie avec ça et de raconter des mensonges. Parce que c'est honteux de mentir. On voulait un changement et on voulait surtout un changement de vérité. On veut entendre des choses vraies et simples.
Je préfère avoir Delors et Fabius qui me disent "...écoutez, vous payez parce que il y a machin, on vient de le voir encore passer la douane avec les mallettes, on s'excuse, on est obligé de vous demander un peu plus...". Que ça ce soit clair. Que les gens le sachent.

D.L. : Est-ce que quand vous avez vu François Mitterrand sur le plateau du journal d'Antenne 2, il y a un peu plus d'un an, vous l'avez pris pour le petit Jésus, qui peut multiplier les pains, faire la pêche miraculeuse, tout changer ?.

D.B. : Non.

D.L. : Non, franchement, est-ce qu'on peut tout changer du jour au lendemain ?. En changeant de majorité, on change de société ?.

D.B. : Non. Je dis simplement qu'il est hors de question de changer tout du jour au lendemain mais que lorsqu'on a 23 ans pour se préparer, lorsque l'on prétend avoir des équipes prêtes à gouverner et que l'on s'aperçoit qu'en fait c'est un pugilat entre Chevènement, Rocard, Deferre et ces gens là qui ont tous des tendances différentes, et qui se tapent sur la gueule pour avoir des postes alors que l'on pensait que tout le monde était prêt à s'entendre pour gouverner, je dis que ça c'est anormal.
Je ne veux pas de révolution. La révolution, on ne la fait pas en changeant de gouvernement mais comme en 1789, en faisant la révolution, pas en changeant. On fait une révolution ou on ne la fait pas.

D.L. : La liberté, plus ?.

D.B : La liberté plus de toute façon il en faut. Je voudrais juste finir ce que je disais.

D.L. : Je voudrais que vous chantiez.

D.B. : Ca ne fait rien. La Sécurité Sociale et toutes ces choses là, ce sont des réformes qu'en 23 ans, des gens de gauche avaient le temps de préparer.
Normalement, le lendemain, le 11 mai 1981, Monsieur Fabius, Monsieur Delors et tous ces gens là devaient dire, voilà ce que nous allons faire tout de suite (il claque des doigts). Et pas en 1983.
Tout de suite pour la Sécurité Sociale et tout de suite pour la fiscalité. Ca veut dire que non contents d'être prêts, en plus ils manquent d'idées. On est là pour leur en donner. C'est pour ça qu'on a voté. Si vous avez besoin d'un coup de mains, on peut venir. Voilà. Pour terminer, avant d'aller chanter s'il faut vraiment que j'y aille, tant pis pour vous, je voudrais que mon ami Patrick Meyer viennent s'asseoir une seconde à côté de moi. Je voudrais parler des radios libres.

D.L. : C'est le Directeur de R.F.M.

D.B. : Je voudrais parler des radios libres. Je le fais mettre à l'écran pour qu'on le reconnaisse quand il arrivera à la porte de l'Elysée parce qu'il a l'intention d'y aller.
Alors regardez le bien, Messieurs les Gendarmes, lorsque vous verrez arriver ce monsieur, laissez le rentrer. Je vais personnellement demander à Monsieur François Mitterrand qui est un ami puisqu'il m'a invité une fois à manger et une deuxième fois dans son avion, alors je ne vois pas pourquoi maintenant on se tournerait le dos.
On a beaucoup de problèmes pour communiquer avec le Ministre de la Communication. Ce qui est quand même un comble. Alors, Monsieur Patrick Meyer ne pouvant pas rencontrer le ministre concerné, il aimerait, si possible, rencontrer Monsieur François Mitterrand pour parler du problème des radios libres qui comme tout le monde le sait maintenant, ne seront jamais des radios libres.
J'explique en un mot, tant pis si je ne chante pas. La loi qui est entrain d'être faite sur les radios libres en ce moment, est une loi profondément antidémocratique et antilibérale. Je m'explique rapidement.
De refuser la publicité sur les radios libres, ça c'est de la rigolade. Dans un pays démocratique, on a pas le droit d'empêcher quelqu'un de se lever le matin et de décider de faire de la radio et de gagner sa vie par ce biais là. Même si c'est avec de la publicité.
On doit être dans un gouvernement de gauche, réformateur et plein d'idées. Suffisamment intelligent pour trouver des systèmes pour que la publicité sur les radios libres soit régie et non encombrante.
C'est le consensus politique. Ca avantage Monsieur Jacques Chirac qui va avoir Radio Tour Eiffel à Paris. Ca veut dire que des gens qui n'ont soit disant pas d'argent...

D.L. : On peut citer d'autres exemples...

D.B. : Oui, pleins d'autres exemples comme ça. Les homosexuels du 16ème arrondissement de Paris, qui sont pleins de fric, vont pouvoir avoir une station de radio.
Mais, les homosexuels de Sarcelles ou de Garche-les-Gonnesses, parce qu'il y en a aussi chez les ouvriers faut quand même pas non plus exagérer, ne pourront pas avoir de station de radio. C'est un question de fric. c'est une loi de fric.
C'est une loi antidémocratique qui dépasse l'entendement. Alors moi, je demande personnellement que les radios soient libres.
Je dis que ma station de radio préférée, à Paris, en tout cas quand j'écoute, c'est parce qu'il y a la stéréophonie et la modulation de fréquence, c'est R.F.M. ou Radio 7. Et je dis que je voudrais écouter ces radios.
Qu'on arrête qu'il y ait un mec qui siffle toute la journée dessus. (Il siffle). C'est agaçant quand on est dans les embouteillages.

D.L. : Je regarde la pendule de temps en temps parce que...

D.B. : Vous voulez que je chante ?.

D.L. : J'ai demandé...

D.B. : Mais vive la liberté !!!.

D.L. : Il n'y a pas d'autres solutions.

D.B. : Qu'est-ce que vous voulez que je fasse, la révolution en allant chanter ?.

D.L. : Est-ce-que Daniel a le temps de faire sa chanson ?.

D.B. : Il y a Cabu. On a oublié Cabu qui veut encore dire des conneries sur moi.

D.L. : Donc on va regarder Cabu tiens voilà.

Patrick Meyer : Je pourrais dire un mot quand même ?.

D.L. : Patrick Meyer.

P.M. : Je crois qu'il y avait un grand enthousiasme qui a été suscité par des millions de jeunes, en particulier au niveau des médias par cette possibilité de créer des radios libres.
C'est quand même un peu navrant qu'on ne puisse pas aujourd'hui, alors qu'une nouvelle loi a été votée, qu'on soit dans un cadre pas trop serré, qu'on ne puisse pas développer ces radios.
Je crois que l'audiovisuel est un monde fantastique pour des milliers de jeunes qui pourraient être soit journalistes, soit animateurs, soit techniciens, soit créateurs ou créatifs et qu'ils ne pourront pas s'exprimer si on ne leur laisse pas les moyens de s'exprimer. C'est ce qu'a dit Daniel et je tenais à le souligner également.
C'est impensable que Monsieur Mitterrand, qui vécu ce combat par idéologie et non pas par passion professionnelle, ne puisse pas entendre ça.
Je crois qu'il ne peut pas décevoir des millions ou des milliers de jeunes qui lui ont permis d'être là où il est, en faisant une loi scélérate qui ne correspond nullement aux réalités.

D.L. : Bien , Daniel, vous n'étiez pas venu pour chanter mais vous ne chanterez pas.

D.B. : Ben voilà. Je suis désolé.

D.L. : Ca ne vous gêne pas tellement ?.

D.B. : Ben non.

D.L. : Moi, j'aurais bien voulu. C'est moi qui vous ai demandé de faire une chanson.

D.B. : Moi aussi. C'est simplement de ma faute. J'ai toujours tendance un peu à traîner.
D'ailleurs, je vais encore le faire. On a tellement peu l'occasion de parler, il faut quand même comprendre ça.
Je suis sûr que même si ce que je dis n'est pas très intelligent, je suis qu'il y a quand même d'autres gens qui pensent comme moi.
Quand un d'entre nous a l'occasion de le dire, il faut qu'il le dise. C'est vrai que j'aime bien chanter. C'est mon métier et je vais le faire...

D.L. : Et l'heure tourne...

D.B. : Et l'heure tourne...

D.L. : Cabu.

Cabu : Pour répondre, je pense que si nous, nous avions fait un journal qui s'appelle toujours Charlie Hebdo...

D.L. : Chacun fait sa pub aujourd'hui !.

Cabu : ...avec de la pub, on ne serait plus libres aujourd'hui. Il faut trouver un autre financement que la pub.

D.B. : J'avais dit qu'on ne ferait pas un débat là-dessus. Moi, j'en n'ai rien à secouer. Mon ami Patrick Meyer voudrait rencontrer quelqu'un du gouvernement et comme il n'y arrive pas, il a suggérer d'essayer de rencontrer le Président de la République qui a fait un magnifique discours, écrit en collaboration je crois avec Régis Debray, à Cancun.
Basé sur ce discours, je crois que l'on peut se permettre d'aller voir François Mitterrand pour parler de radios libres. C'est tout ce que je voulais dire.
Comme on ne peut pas arriver à le faire savoir à Monsieur Mitterrand par l'intermédiaire de Monsieur Filhiou, on le fait savoir directement par l'intermédiaire de Monsieur Lecat.

D.L. : Je crois que le message est passé. Et comme j'appartiens aussi à une radio nationale, je suis le témoin de ce que vous venez de dire.
Monsieur Cabu.

Cabu : Une contradiction de Daniel Balavoine. Tout à l'heure, il a dit que l'engagement menait au terrorisme.

(Fin de l'enregistrement).

 

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