Ce tout petit supplément d'âme", manifestement France
Gall l'a. C'est un très bel autoportrait que lui consacre France
3 le 9 octobre à 20H50, dévoilant l'artiste, la femme,
la mère alors que la chanteuse a disparu de la scène médiatique
et musicale depuis quatre ans.
Un an de tournage à Paris et à Dakar, des documents musicaux
et personnels totalement inédits, et surtout la voix d'une femme
qui se reconstruit magnifiquement après les coups du destin.
"Aujourd'hui, dit-elle presque apaisée, je n'ai plus aucune
peur de rien".
Titré "Viens je t'emmène" comme une de ses chansons
les plus fameuses, diffusé au surlendemain de son 54e anniversaire,
ce portrait de deux heures proposé par Olivier Amiot et réalisé
par Eric Guéret rappelle que la musique de Michel Berger chantée
par France Gall fait partie de la vie de toute une génération.
On se surprend à fredonner...
De son vrai prénom Isabelle, France a été propulsée
dans la célébrité à 16 ans en 1963 ("Ne
sois pas si bête"), après une enfance heureuse entre
un père chanteur-compositeur (notamment pour Aznavour et Piaf)
et une mère musicienne. Gainsbourg lui fait remporter l'Eurovision
en 1965 ("Poupée de cire, poupée de son") et
lui fait comprendre la cruauté du métier avec les "Sucettes
à l'anis" (1966), dont elle ne comprend pas les sous-entendus.
La rencontre avec Michel Berger change sa vie. Elle est d'abord amoureuse
de sa musique. Il lui fait sa "Déclaration", ils se
marient en 1976 et ne se quitteront plus, unis dans le "même
regard".
France Gall déclare qu'elle a toujours fait passer sa vie de
famille avant son métier. Elle a connu la gloire, l'ivresse de
la scène, des moments magiques comme dans les années 80
("Il jouait du piano debout", "Débranche"
puis "Starmania"). L'amour de Michel, l'amitié avec
Daniel Balavoine, la naissance de Pauline et Raphael la comblent. La
maladie de Pauline brise cette spirale du bonheur. L'insouciance ne
sera plus jamais possible.
En août 1992, Michel disparaît emporté par une crise
cardiaque. Désormais, elle est seule, mais il faut rester debout
pour les enfants. L'Afrique, le Sénégal en particulier,
l'aident mais le chagrin la mine. France Gall passe avec pudeur sur
le cancer qui l'a frappée, puis, surmontant l'émotion,
parvient à parler de la mort de Pauline. "C'est extraordinaire
de l'avoir connue pendant 19 ans", affirme cette battante qui mène
une guerre "au mauvais côté de la vie". Il ne
faut pas se fier à sa blondeur et son apparente fragilité.
C'est une sacrée femme.