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Philippe Constantin


(devient Directeur Artistique chez Barclay en 1985, année où Léo Missir, lui, quitte la maison de disque)

Hommages parus dans "Paroles et musique" N°25 de janvier 1990.


"... Avec "Sauver l'amour", on a explosé les ventes des précédents disques de Balavoine. Il n'y avait rien à jeter dans cet album. C'était hyper-moderne dans l'écriture, la réalisation, les arrangements, d'une beauté !. Fin Décembre, nous étions ivres de joie. "L'Aziza" escaladait les charts. Daniel m'appelle pour m'annoncer qu'il ne fait pas le Paris-Dakar, mais qu'il part pour servir de caution humanitaire à son pote, Thierry Sabine. La dernière fois que je l'ai vu - peu avant son départ -, il m'a dit : "C'est un bordel !. Je me rends compte que je sers de fantoche à Thierry. C'est mal organisé. Il devait y avoir 100 pompes, il n'y en a que 60...
Il devait y avoir des camions, des hélicos, y'en a pas !. La galère... J'y vais quand même parce que je dois le faire, mais ce n'est pas de gaieté de coeur...".
Moi, j'étais parti me reposer 8 jours au fin fond de la Suisse dans un chalet. Un matin, je me réveille vers 9 heures, j'allume la radio et j'entends "L'Aziza". Je me dis : "Super, ça marche du tonnerre !". Sur ce, coup de fil de Paris : "Il est arrivé un truc grave à Balavoine. - Qu'est-ce qu'il veut encore ?. Modifier la pochette de son disque ? -. Non, il est mort dans un accident d'hélicoptère..."
Evidemment, je suis rentré. Le voyage était long, j'ai eu le temps de cogiter. Je me rappelle ce qu'il disait sur l'organisation. De Zurich, juste avant de prendre l'avion, j'ai téléphoné à mon bureau : "Je vais faire une Commission d'Enquête !. Sabine, il va vraiment regretter d'avoir entraîné Daniel dans ce merdier !". C'est là qu'on m'a expliqué qu'il était également parmi les victimes de cet accident.
A Paris, on a tenu une cellule de crise pour savoir quelle attitude adopter. Il y a eu toutes les pressions que vous pouvez imaginer pour changer de pochette, entourer sa photo d'un cadre noir (cette idée est venue de la périphérie de Barclay. Il y a eu des controverses du type : "On arrête de vendre, on ne va pas jouer les nécrophages !". J'ai dit : "C'est stupide !. Nous sommes les dépositaires de son discours et de son oeuvre. Notre métier, c'est de le populariser. Nous allons continuer comme s'il ne s'était rien passé...".

 

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