LE
DAKAR ET LES POMPES A EAU.
D.B. : Pourquoi on fait le Dakar quand on est artiste ?.
Je crois qu'on le fait pour les m�mes raisons que les autres.
Ca veut dire qu'on le fait parce qu'on aime la voiture, parce qu'on aime
l'Afrique, parce qu'on aime la vitesse, parce qu'on aime le sport, qu'on
aime la comp�tition, qu'on aime le voyage, qu'on aime changer de coin,
qu'on aime se distraire du m�tier qu'on fait, qu'on aime rencontrer d'autres
gens, qu'on aime faire pleins de choses.
Ce qui me para�t curieux...on ne demande pas...dans le Dakar il y a des
charcutiers, il y a des m�decins, il y a des garagistes. On ne va pas
leur dire : "...Pourquoi vous le faites ?...". C'est � dire que
pour eux, on trouve �a normal. Ils ont besoin d'air et d'aventure. Eh
bien nous aussi.
Marc JOLIVET : Il y a un moment, c'est trop. Quand on re�oit trop,
on ne peut que partager, que donner. Il y a un sentiment infernal.
Je pense...il devait le vivre comme �a. Vraiment c'est trop. On re�oit
tout, on ne peut pas.
Donc il faut partager, il faut donner, il faut se sacrifier. Il y a un
moment o� la notion de sacrifice est importante et il avait �a.
Il avait envie d'aller se sacrifier pour les autres.
Jacques DURRUTY : Je pense que finalement, globalement, il avait
raison.
Parce qu'en dehors de tout engagement politique - que je pense il n'avait
pas vraiment et que, je n'ai pas moi - je pense que sur le fond, son c�t�
humaniste �tait r�el.
Ce n'�tait pas une attitude qui a �t� impliqu�e par la mode ou par d'autres
choses.
Ca l'a toujours compl�tement branch� d'essayer de faire quelque chose
pour une majorit� de gens, s'il pouvait y arriver. Ca, c'est quelque chose
en quoi il croyait profond�ment.
Extrait d'un reportage film� sur le Dakar, au Mali, le 8 janvier
1986. Daniel arrive sur un site o� a �t� install�e une moto-pompe. Il
la regarde fonctionner, tr�s attentivement.
D.B. : Tous les gens ont, � un moment de leur vie, envie de faire
quelque chose, des choses comme �a.
Et je crois, malheureusement, que les gens laissent trop souvent passer
l'envie.
Je crois que c'est quand on en a envie qu'il faut les faire.
Peut-�tre que dans un an, dans deux ans, je n'aurai plus envie, pour diverses
raisons, je ne sais pas.
Peut-�tre devant l'impuissance, parce que c'est une goutte d'eau dans
le d�sert.
Ou devant le d�go�t de l'attitude de certains, de gens qui ont parfois
l'esprit n�gatif quant � ces activit�s. Alors je sais qu'en ce moment
j'ai envie de le faire et tant que cette envie me soutiendra, je continuerai.
Catherine REGNIER : Daniel a dit un jour : "...A 33 ans, j'arr�te
de chanter...".
Il a arr�t� de chanter pour, malheureusement, d'autres raisons.
Mais je crois que dans sa t�te, il n'avait pas toujours envie d'�tre un
leader, un meneur. Il avait envie d'�tre avec d'autres.
L�o MISSIR : Le jour de sa mort, �a a �t� pour moi une grande
�preuve. L�, j'ai tout arr�t�.
J'ai eu pourtant des propositions de pas mal de maisons de disques pour
faire des productions. J'ai tout refus�.
Je n'ai plus voulu faire quoique ce soit. J'ai arr�t� mon m�tier le jour
de sa mort.
J'aurais voulu vous lire quatre lignes.
C'�tait un merveilleux texte qu'il avait �crit et qui s'appelait "Partir
avant les miens".
Il voulait mourir avant les autres. |