(Robert
Bialek, producteur et organisateur, avec Claude Jarroir, des spectacles
et des tournées de Daniel Balavoine.)
Jean-Pierre Foucault: ...C'était le même homme sur scène, Balavoine,
et en tournée, en spectacle ?
Robert Bialek: Ah, c'était tout à fait le même homme, avec cette
volonté de gagner, cette rage de vivre qu'il transmettait également sur
scène, dans ses spectacles. Il y avait une correspondance, un charisme total
et c'était ça qui était formidable. Il n'y avait pas de différence entre
le personnage privé et le personnage public. Et ça, c'est probablement une
des choses les plus précieuses qui puissent exister. Pour toutes les étapes
de spectacles, que ce soit le premier Olympia, le deuxième Olympia, le premier
Palais des Sports qui était probablement le plus grand moment qu'on a tous
vécu ensembles, à chaque fois, il essayait de surpasser. Il y avait cette
volonté, ce goût du risque dans lequel il nous entraînait d'ailleurs et
sur lequel on était totalement d'accord. Il y avait cette communauté, cet
esprit de volonté de gagner qui a fait que finalement, contre l'avis de
pas mal de gens, on y est arrivé et on a fait ce que l'on avait envie de
faire. Parce qu'avant tout, avant même les questions d'argent, avant même
les questions d'obligations professionnelles, il y avait cette envie de
faire les choses et ça c'est formidable...
(Marc Lavoine. Pour l'émission, il a choisi d'interpréter "Mon fils,
ma bataille".)
J.P.F.: J'aimerais savoir Marc, le souvenir que tu gardes de Daniel Balavoine.
Si vous vous connaissiez bien et ce que tu veux en dire ?. Comment était-il
vraiment ?.
Marc Lavoine: Moi je suis un peu un spectateur de Daniel Balavoine.
D'abord, j'étais un fan. Pour moi Daniel Balavoine, quand j'ai commencé
à chanter, c'était comme une fracture ouverte de la jeunesse sur le monde
actuel. Je crois qu'il a gardé de ce malaise du monde, un besoin de perfection,
d'oxygène pur. C'est le souvenir que j'en ai.
Cette chanson ("Mon fils, ma bataille") particulièrement, quand je l'ai
entendue, m'a vraiment touchée. Et puis, elle m'a touchée après, au cours
de la vie. Je crois que les chansons de Balavoine sont des chansons qui
prennent de la grandeur au fur et à mesure que les années passent.
J.P.F.: C'est toi qui a choisi d'interpréter cette là plutôt qu'une
autre ?.
M.L.: Oui. Celle-là est pour moi une chanson qui ne finira jamais.
J.P.F.: Tout le monde dit qu'une interprétation d'une chanson de
Balavoine n'est pas simple.
Est-ce que tu es de l'avis de tout le monde?.
M.L.: Oui. C'est pas simple.
hommages
(Laurent Voulzy, est très ému et s'exprime avec
pudeur et retenue. Il va interpréter "Sauver l'amour" et "Tous les cris,
les S.O.S." qu'il a rassemblé en une seule chanson. A la fin de son témoignage,
on constate combien la mort de Daniel Balavoine a pu rapprocher certains
chanteurs.
J.P.F.: Bonsoir Laurent. Ca n'a pas été simple de choisir.
Et puis ça a été, si je puis me permettre, un sacré boulot que d'enregistrer
ces deux chansons ?.
Laurent Voulzy: D'abord je voudrais dire que j'ai été très impressionné
d'être dans cette émission ce soir. Voilà, je l'ai dit. Très ému aussi.
Et puis, bon, il y avait un choix important de chansons parce que je les
aimais beaucoup. J'aimais beaucoup Daniel Balavoine. Pour diverses raisons.
En plus on a eu...je parle un peu de moi en même temps...mais on a eu
un parcours...j'aime pas ce mot là...un peu identique.
Il a joué dans des groupes. Moi aussi. J'ai assisté à une audition qu'il
a eu faite à Paris quand il est arrivé de Pau. Il a joué dans un groupe
qui s'appelait "Présence". Et j'étais dans le bureau du gars qui s'appelait
Daniel Bodon qui était batteur et chef du groupe à l'époque. Moi je jouais
avec un autre groupe de rock'n roll qui s'appela "Le Point" avec Marc
Robson. On était tous les trois dans un bureau. On a attendu. Et y'a un
chanteur qui est arrivé pour auditionner et c'était Daniel Balavoine,
avant qu'il fasse sa carrière. Voilà.
J'ai choisi deux chansons. Deux pour le prix d'une. Je n'arrivais pas à choisir, alors j'en ai pris deux.
J.P.F.: Et la rencontre avec Michel Berger ? . Un mot sur cette
rencontre, Laurent ?.
L.V.: Oui, je voulais en parler. Y'a une drôle de chose qui s'est
passée. On se voit souvent. On voit des chanteurs sur les plateaux de
télévision. Et puis on ne se voit plus après. Michel Berger, je l'aimais
beaucoup sans le connaître. J'étais très sensible à la façon dont il écrivait
les chansons. Donc, beaucoup de respect. Et un jour Michel Berger m'a
appelé comme ça. J'ai été très surpris de l'avoir au téléphone parce qu'on
s'était entrevu comme ça sur des plateaux de télévision. Il m'a invité
à diner avec Alain Souchon. Il m'a dit "...je vais appeler Alain, aussi,
pour voir si on peut se voir...". C'était après la mort de Daniel. Il
m'a dit "...ce serait bien qu'on se connaisse parce que moi, je t'aime
bien...". Je lui ai dit "...moi aussi...". Il me dit "...c'est mieux de
se connaître pendant qu'on est vivant qu'après...".
hommages
(Francis Cabrel qui va interpréter "Petite Angèle".)
J.P.F.: Est-ce-que vous vous connaissiez bien, tous les deux, Daniel
et toi ?.
Francis Cabrel: Je pense qu'on s'aimait beaucoup mais on ne s'est
pas rencontré tellement souvent. Excepté sur quelques plateaux télé. Mais
ça va tellement vite sur les plateaux télé que l'on n'a pas le temps de
parler très longtemps.
J.P.F.: Est-ce que ces rencontres furtives suffisaient à bien se
connaître, en tout cas à bien s'apprécier l'un l'autre ?.
F.C.: Moi, déjà, je connaissais tous ces disques. Je pense que
lui devait connaître quelques unes de mes chansons. On savait qu'on s'aimait.
Il y avait un respect, une espèce d'estime forte. On avait chacun un emploi
du temps trop mouvementé pour qu'on devienne vraiment des amis. Je ne
peut pas dire que j'étais un ami de Daniel Balavoine. Un bon copain, certainement.
J.P.F.: Il y avait une cohabitation pendant l'enregistrement de
certaines chansons dans un studio ?.
F.C.: C'était il y a donc 3 ans et un peu plus. Moi, je faisais
mon album précédent et lui enregistrait ce qui devait être son dernier
album "Sauver l'amour", dans deux studios mitoyens. Et donc, pendant nos
heures de breaks. On bavardait. Il se foutait pas mal...il se fichait
pas mal de mon accent, je dirais. C'est comme ça que les conversations
commençaient toujours.
J.P.F.: Alors, la chanson que tu vas chanter ce soir ?.
F.C.: C'est la "Petite Angèle" qui a toujours été parmi mes favorites.
J'avais découvert cette chanson, en studio, avant que le disque ne sorte.
Et puis je me suis aperçu aussi que c'était une des plus chantable.
J.P.F.: C'est à dire une des plus faciles ?.
F.C.: Des plus faciles à chanter puisque Daniel avait une tessiture
extrêmement large. Quand j'ai voulu chanter autre chose que la "Petite
Angèle", je me suis rendu compte que ce n'était pas facile. Ca montait
très très haut. Donc, celle là correspond exactement à ma tessiture, ce
qui est parfait. Et encore j'ai du mal. Vous allez voir, je vais grimacer
plusieurs fois.
|